Celui sur le hérisson (n°77 de 1999) contient beaucoup d'informations et est présenté avec humour. Souvenez-vous que ce petit animal est un hôte très utile dans notre jardin.
J'ai reproduit les divers paragraphes du n° 77 de La Hulotte et j'ai inséré des photos récupérées sur le web. La Hulotte a surnommé le hérisson "Niglo".
Niglo fait son nid
Savez-vous qu'un simple tas de feuilles
mortes bien sèches au fond de votre jardin pourrait faire une
épatante résidence d'hiver pour un hérisson du voisinage ?
Une fois glissé à l'intérieur, notre
ami exécute de petits sauts de cabris en l'air, et quantité de
roulades pour peigner les parois avec ses piquants tout en tassant
les parois. Très vite, il se crée ainsi un petit studio étanche,
tout rond comme une bulle et super-douillet.
S'il n'a pas la chance de tomber sur un
tas de feuilles tout fait, tant pis : il va se le confectionner
lui-même. Il cherche tout d'abord un petit renfoncement de terrain,
si possible à l'abri d'un talus, sous des branches, des ronces, les
grosses racines d'un arbre...S'il le faut, il n'hésite pas à
gratter la terre avec ses pattes maigres pour creuser un petit nid de
poule artificiel.
Dans cette cuvette, le hérisson
entasse tout un tas d'herbes et de feuilles mortes, qu'il rapporte
patiemment, becquée après becquée, comme un petit oiseau. Les
branches ou les ronces du dessus sont là pour maintenir solidement
le nid et empêcher les feuilles mortes de se disperser aux quatre
vents de l'hiver.
L'igloo de Niglo
Le nid du hérisson devient une sorte
d'igloo de 60 cm de diamètre, avec de bons gros murs de 15 cm
d'épaisseur, faits d'une multitude de feuilles d'arbres bien sèches,
rangées à plat, comme des ardoises et posées les unes sur les
autres : un modèle d'isolation.
La preuve : quand la température
extérieure descend de + 10°C à – 8°C, la température
intérieure de l'igloo reste entre + 5°C et + 1°C
Chaque année, entre septembre et mars,
je me mets aux abonnés absents. Prière de ne pas déranger :
j'hiberne...
Même plongé dans son profond sommeil
hivernal, le hérisson a le réflexe, au plus léger dérangement, de
hérisser ses épines en une fraction de seconde et de se
métamorphoser en oursin. C'est pourquoi, pendant longtemps, on a cru
qu'il dormait en boule. En réalité, il ronfle douillettement sur le
ventre, avec juste la tête et les pattes qui dépassent ; à
moins qu'il ne sommeille couché en rond, comme un chat.
L'été je me rattrape. Quelle
activité : 18 heures seulement de sommeil par jour ! C'est
vraiment dur.
Est-ce de ma faute à moi, si
trois-quatre petites heures de travail me suffisent chaque nuit pour
trouver largement de quoi me rassasier ? Et même, par-dessus le
marché, pour accumuler un peu de graisse pour l'hiver ?
C'est ainsi que depuis des siècles, je
profite de ce qui va rester encore très longtemps un rêve pour vous
autres, pauvres forçats : la semaine de 21 heures !
Après une journée passer à se la
couler douce au fond de son nid, le hérisson a une faim de loup. À
la lueur du clair de lune, ou même dans la nuit totalement noire, il
explore en zigzag les prairies et les lisières, le nez au ras des
pâquerettes, changeant sans cesse de direction et de vitesse.
Niglo pique un sprint
Quand le hérisson chasse
attentivement, le nez dans l'herbe, cinq bonnes minutes lui sont
parfois nécessaires pour explorer un petit bout de pâture pas plus
long qu'une salle de classe.
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Capture d'écran |
Résultat : beaucoup de gens
prennent notre héros pour un animal plutôt balourd.
Ils changeront d'avis dès qu'ils
auront vu Niglo piquer un de ses fameux sprints, dignes d'une
"Formule 1" des grands bois.
Et zou, écartez-vous devant ! -
Un hérisson a été contrôlé à la vitesse de 7,2 km/h. C'est à
dire qu'un homme marchant à grandes enjambées arriverait tout juste
à le suivre.
"Mon petit royaume, le
voici...Plusieurs hectares de jardins, de bosquets, de lisières, de
sentiers, de haies, de ruelles...à force de le quadriller en tous
sens, je le connais par cœur ; je pourrais y vadrouiller sans
problème même dans l'obscurité la plus complète.
Héri Sun
Le hérisson est un animal presque
totalement nocturne. Un Niglo qui chasse ou qui rôde en plein jour
risque d'être un individu malade. Ou bien un jeune abandonné que la
faim a chassé hors du nid.
Le piquant du hérisson est si solide
et si bien fixé à la peau qu'il serait théoriquement possible de
suspendre l'animal par une seule épine.
On raconte que pour dégager un
hérisson prisonnier dans une canalisation, il suffit de le tirer par
une épine.
Combien un hérisson possède-t-il de
piquants ? - entre 5000 et 7500.
Le piquant du hérisson est
ultra-résistant, rigide, pratiquement indéformable. Par-dessus le
marché, il est creux, donc hyper-léger. Ce sacré piquant peut
tenir le coup dix-huit mois. Après quoi, il tombe, très vite
remplacé par un autre piquant.
La forteresse à épines
Quand il se croit en sécurité, le
hérisson n'a jamais l'aspect ébouriffé et hirsute qu'on lui voit
sur la plupart des photos. Ses piquants sont au contraire bien
lissés, peignés avec soin vers l'arrière.
L'instant d'après, si le danger se
précise, le hérisson laisse tomber, d'un coup sec, sur ses bottes
et sur son front une herse d'aiguilles.
En moins d'une seconde, il baisse sa
tête comme celle d'un petit taureau ; ses yeux, son museau, ses
pattes se retrouvent ainsi à l'abri.
À ce stade, le hérisson n'est pas
encore vraiment en boule...
C'est uniquement quand on le touche que
Niglo se transforme vite fait en châtaigne.
À présent l'ennemi va devoir être
très, très patient car l'assiégé peut rester dans cette position
pendant des heures et des heures sans ressentir la moindre fatigue.
En approchant par dessous (ou alors en
retournant la pauvre bête) voici ce que l'assaillant pourrait voir :
une sorte d'esquimau en costume de guerre, emmitouflé dans un épais
anorak d'aiguilles dardées dans tous les sens.
Et maintenant, cessez de l'embêter,
car il va finir par se vexer pour de bon. Et voilà! C'est
malin !...Il remonte à fond la fermeture éclair de son sac de
couchage et il boude.
C'est à cette seconde très précise
que le renard ou le chien (un de ses pires ennemis) peut réussir à
tuer le hérisson : juste après l'avoir retourné, il essaie de
le mordre à la vitesse de l'éclair, à la tête ou au cou, avant
que la petite bête ait eu le temps de refermer entièrement son
armure.
Monte-en-l'air
Quand il le veut, le hérisson est un
bon grimpeur. En quelques secondes, il escalade un grillage de deux
mètres de haut, se hisse au sommet d'une palissade ou monte sur un
arbre fruitier. On l'a vu se battre dans un lierre avec un rat ;
s'introduire dans une chambre à coucher au premier étage ;
nicher sous la paille d'un toit de chaume ; se promener sur le
faîte d'un mur.
Roulé-boulé
Pour descendre ? Pas de problème,
le hérisson a une technique que les autres animaux ne sont pas près
d'imiter. Il se contracte en boule et se laisse tomber dans le vide.
Ses piquants (dont la base en forme de coude fait office de ressort)
amortissent la plupart des chocs. On prétend même qu'il peut
dégringoler de huit mètres de haut sans se faire ni plaie ni bosse.
Au fond du trou
Notre héros est d'ailleurs un habitué
des chutes à la verticale, car il a la manie (assez stupide)
d'avancer droit devant lui sans chercher à contourner les obstacles.
C'est ainsi qu'il se retrouve couramment au fond des piscines,
bassins, puisards, fosses à vidange, égouts, passages canadiens et
autres cavités à ciel ouvert. Remonter ensuite à la surface est
une autre histoire car les murs en béton sont en général trop
lisses pour être escaladés. D'après une étude anglaise, la mort
misérable au fond d'une oubliette serait la sixième cause de décès
chez les hérissons.
Le hérisson est très souvent obligé
de se gratter car il est couvert de puces, le pauvre zigue. Un sport
pas commode, étant donné la pelisse d'aiguilles qu'il se trimbale
sur le dos. Heureusement, ses pattes sont très longues (beaucoup
plus longues qu'il n'y paraît). De plus, les orteils arrière sont
prolongés par trois grandes griffes qui peuvent se faufiler entre
les piquants. Dès que Niglo se gratte, on entend les épines de son
dos qui s'entrechoquent avec un drôle de bruit de baguettes. C'est
rigolo.
Lorsque le hérisson tombe par hasard
sur un objet à l'odeur étrange, il lui arrive d'avoir une réaction
complètement abracadabrante.
D'abord il flaire, lèche ou mâchouille
l'objet...Et subitement, il se met à produire des flots et des flots
de salive mousseuse...
Ensuite au prix de contorsions
incroyables, le voilà qui se retourne, noyant ses épines sous une
véritable marée de bave qu'il tartine ferme avec sa langue.
Depuis des décennies, les savants se
collent des migraines à essayer de comprendre cet extraordinaire
comportement (baptisé par eux "auto-lubrification"). Pour
l'instant personne n'a le moindre début de réponse, mais la Hulotte
vous rappellera s'il y a du nouveau.
Raspoutine
Dans la nature, le hérisson n'a pas
peur de dévorer toutes sortes d'insectes toxiques :
mille-pattes, carabes, abeilles, guêpes... Et même les méloès,
farcis de cantharidine : alors que quatre milligrammes de ce
poison violent suffisent à envoyer au cimetière un homme adulte de
80 kilos, il faut 25 fois cette dose pour tuer le petit hérisson. On
affirme également que cette bestiole extra-terrestre résisterait –
de façon totalement incompréhensible et diabolique – aux produits
les plus divers : venin de vipère, bave de crapaud, toxine du
tétanos (il y est 7000 fois moins sensible que l'homme) ; gaz
carbonique ; opium ; arsenic ; cyanure ;
chloroforme...
Certes, à la longue, ces substances
finissent par avoir sa peau. Mais à une condition : doubler,
tripler, décupler les doses.
Et pourtant ces exploits ne lui servent
à rien – sauf à faire le malin dans les journaux...Car dans la
nature, l'étourdi a bêtement oublié de s'immuniser contre les
toxiques qui le visent le plus directement : par exemple la
strychnine, ce poison autrefois destiné aux renards et qui, au
moment de la lutte contre la rage, a tué par erreur des centaines de
hérissons. Plus grave : il n'a rien trouvé non plus dans son
sac à malice contre les mixtures modernes, répandues à foison dans
les jardins et les cultures : herbicides, pesticides et autres
métaldéhydes anti-limaces. Une étude, portant sur 244 hérissons
morts, signale comme cause numéro un de décès – 26 % - les
intoxications aux produits chimiques...
De père inconnu
Aussitôt après l'accouplement, zou !
Le mâle disparaît dans la nature, il ne s'occupera jamais de ses
petits.
Madame Niglo donne naissance (en
moyenne) à cinq petits hérissons.
Billes de clones
À l'âge d'un mois, (soit deux
semaines avant que la famille ne se sépare pour toujours), le petit
hérisson ressemble déjà exactement à un adulte.
Roulette russe
En cas de dérangement, la maman
hérisson transporte en général très vite ses enfants dans un nid
de secours ; mais parfois aussi elle les abandonne à son triste
sort. Et d'autres fois encore, quand ils sont tout petits, elle les
mange.
5 petits indiens
Dès que les petits sont suffisamment
dégourdis – c'est à dire vers l'âge de 25 jours – ils partent
pour la première fois de leur vie à la chasse loin du nid. Ils
suivent leur mère, en petit commando regroupé. Ou bien en file
indienne : un vrai train de marchandises avec la grosse loco
devant et derrière, quatre ou cinq wagonnets.
P'tit oursin
Dès sa plus tendre enfance, le bébé
hérisson sait déjà se mettre en boule, comme ses père et mère.
Mais il est encore si tendre, si malhabile, le pauvre, que le premier
renard venu le croquerait en moins de deux.
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Capture d'écran |
Blanche Épine
Aussi étonnant que cela puisse
paraître, bébé hérisson ne porte aucun piquant à la
naissance...(commentaire de la mère hérisson : "Étonnant !
Étonnant ! On voit bien que ce n'est pas vous qui accouchez!")
Mais ça ne dure pas ; quelques
heures plus tard, pan ! Une centaine d'épines blanches lui
sortent de la peau et recouvrent son dos.
Dans les trois semaines qui suivent,
tous les piquants blancs vont tomber ("les aiguilles de lait"),
remplacés par des piquants bruns.
Le lait de hérissonne diffère beaucoup du lait de vache : sa composition le rapproche beaucoup de celui des animaux carnivores. C'est pourquoi il est si difficile de nourrir et de sauver les jeunes hérissons orphelins.
Pas croyable : un mois seulement
après la séparation la mère hérisson ne reconnaît déjà plus
ses propres petits quand elle les croise sur son chemin.
À la montagne
En montagne, le hérisson ne vit en
général que dans le voisinage des maisons. Il n'est pas rare de le
trouver endormi dans les étables et les granges à foin.
Sauf pour faire un peu de tourisme, le
Niglo ne monte jamais au-dessus de la limite des arbres.
En été, qu'est-ce qui fait vraiment
peur au hérisson ? La sécheresse. En quelques jours, pouf !
Escargots, vers de terre, larves, toutes les proies se mettent à
l'abri. Plus rien à se mettre sous la dent...quel cauchemar !
Alors Niglo se rend dans un bois, creuse un petit tunnel d'un mètre
de longueur environ – ou bien vole le terrier d'un lapin.
Là, il s'endort, bien au frais, d'un
sommeil très profond, qui ressemble un peu à la torpeur de
l'hibernation. Et qui peut parfois durer quinze jours, un mois...deux
mois...C'est bien simple : jusqu'à ce que la pluie revienne...
Voici la carte de France de l'appellation des hérissons :
Pour savoir si vous avez eu une visite nocturne, voici à quoi ressemble une crotte de hérisson (toute fraîche de la nuit dernière dans ma cour) :
Environ deux cm de long |
Pour d'autres renseignements sur le hérisson, allez ICI.
Merci pour (la crotte) la carte et le récit de la vie de cet animal « touchant », je vais lui faire un petit tunnel en pierres d'un mètre de longueur environ dans mon jardin. Mon chien aussi les adore, il peut passer une nuit à aboyer sur la boule, le museau à ½ cm des épines.
RépondreSupprimerDès que Niglo se gratte, on entend les épines de son dos qui s'entrechoquent avec un drôle de bruit de baguettes. C'est "Nigolo"...
RépondreSupprimerSuperbe exposé, le herisson est un animal magnifique, on les vois souvent la nuit, venir manger la nourritures pour les chats et chiens. De bonnes occasions de l'observer...
La semaine de 21 heures ! Il fallait absolument en parler. C’est également la bonne mesure pour les humains quand ils sont sages. Au passage remercions "La Hulotte des Ardennes" pour la vie du hérisson, et pour tous les autres numéros de cette superbe revue.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerL'équipe de la Hulotte vous remercie d'avoir parlé du numéro 77 sur votre blog.
Nous vous serions, cependant, très reconnaissants de bien vouloir supprimer le lien renvoyant vers le site aryana libris qui n'a pas notre autorisation de laisser sur son site notre revue sous quelque format que ce soit et à qui nous avons demandé de supprimer les fichiers concernés (protection des droits d'auteur, loi mars 1957)
Vous en remerciant par avance,
Bien cordialement,
L'équipe de la Hulotte
Pas de souci. J'ai trouvé par hasard ces liens vers quelques-unes de vos anciennes revues, et j'ai moi-même été étonnée qu'ils aient eu "l'autorisation" de publier.
SupprimerPour ceux qui aiment les joyeux hérissons voire : Drôle de hérisson
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=3HbrdUenB0k
Un drôle de hérisson : qui a l’air de beaucoup s’amuser :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=3HbrdUenB0k
...il a pas eu sa dose de coke ahhh !!
SupprimerTrès souvent sur ma terrasse, voire sur le seuil d'entrée de ma maison, je trouve une crotte de couleur foncée, faisant à peine 1 cm de diamètre et de 3 à 5 cm de longueur. Il n'y a absolument aucune odeur. La crotte est plutôt sèche à toucher et quand on la casse en deux, l'intérieur est d'une couleur rouge foncé, semblable à de la terre ferrugineuse. Je n'y vois aucun "morceau", c'est poudreux, compact. J'ai supposé que ce pouvait être le crapaud du jardin que j'ai croisé à plusieurs reprises mais mon voisin me dit qu'il y a une famille de hérissons qui niche dans son tas de bois et qu'il a vue, le soir, partir en file indienne vers mon jardin, grimper la plaque de ciment qui fait clôture et revenir par le même chemin. Alors qui vient me laisser ce petit cadeau régulièrement ? Le crapaud ou le hérisson ?
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