Que s'est-il réellement passé au 6ème siècle de notre ère ? (suite)
Un autre chercheur, Leroy Ellenberger,
proposait qu'à la place d'un événement majeur en lien avec une
comète, le chaos climatique a été dû à "des tempêtes
périodiques de grosses météorites, ponctuées par des
manifestations répétées du style Tunguska". Il parle ici de
l'étrange événement de 1908 ayant fait tomber les arbres comme des
dominos sur une vaste portion du territoire sibérien, éclairant les
cieux d'Europe et d'Asie pendant plusieurs nuits de suite.
Quelle que soit la théorie, il existe
de façon certaine une preuve historique de ce que les scientifiques
appellent un "vecteur cosmique" – quelque chose de plus
qu'une activité volcanique terrestre qui entraîne un chaos
climatique. Cette preuve commence avec des étoiles filantes et des
pluies de météorites enregistrés autour de 530 en Chine et en
Méditerranée, qui a conduit un écrivain de l'époque à commenter
que "quelque chose de mystérieux et d'inhabituel semble venir
sur nous en provenance des étoiles". Plus tard, il y eut
cependant une preuve plus spécifique de comète.
En 538, une comète était visible
selon l'historien Edward Gibbon. Une comète "semblait suivre le
Sagittaire : sa taille augmentait graduellement ; sa tête
était à l'est, sa queue à l'ouest, et elle resta visible plus de
40 jours. Les nations qui la regardaient avec stupéfaction
s'attendaient à des guerres et des calamités de par son influence
funeste ; et ces attentes furent abondamment réalisées".
Zacharie de Mitylène écrivit qu'aux
environs de 538/539, "une grande et terrible comète apparut
dans le ciel pendant 100 jours à l'heure du crépuscule".
Pareillement, l'historien médiéval Roger de Wendover exposait que,
"en l'an de grâce 541, apparut une comète en Gaule, si grande
que le ciel tout entier semblait en feu. La même année, du ciel
tomba du vrai sang et s'ensuivit une effrayante mortalité".
Bien que les historiens rejettent ce qui précède comme une
fantaisie médiévale, il semble bien y avoir une correspondance avec
d'autres preuves que les cieux étaient la cause d'un chaos
climatique.
Un moine, Gildas, écrivant autour de
540, écrivit que "l'île de Bretagne fut en feu d'une mer à
l'autre...jusqu'à ce qu'il ait brûlé presque toute la surface de
l'île et léché l'océan à l'ouest avec sa féroce langue rouge".
Ce sont les éléments de preuve utilisés par Wilson et Blackett
pour soutenir leur théorie que la Bretagne fut ravagée et rendue en
partie inhabitable, à cause d'une comète. Eux et d'autres pensent
que c'est la raison pour laquelle les saxons n'eurent aucun mal à
s'installer en Bretagne – il ne restait pas beaucoup de bretons
survivants pour les arrêter.
Un peu plus tard une autre preuve est
apportée également par Jean d'Asie (ou Jean d'Éphèse), qui
décrivit "le monde secoué comme un arbre par le vent pendant
10 jours". Les murs de Constantinople s'effondrèrent, des
régions de Méditerranée orientale et d'Afrique du nord furent
inondées par la mer, pendant que des nations et des cités entières
auraient été touchées par un "bolide", qu'un auteur a
assimilé à la queue de la comète.
Même Geoffrey de Monmouth s'y est mis,
parlant de l'apparition d'une "étoile de grande magnitude et
brillance, dont sort un unique rayon de lumière. Au bout de ce rayon
il y a une boule de feu, qui se déploie en forme de dragon".
Les rais de lumière sortant de ce 'dragon' s'étendaient vers la
Gaule et la mer d'Irlande. Cette étoile serait apparue trois fois,
et "tous ceux qui la virent étaient frappés de terreur et
d'émerveillement". À quelle période du 6ème siècle cet
événement s'est produit n'est pas clair, mais il dénote
l'influence de comètes sur la vie du 6ème siècle.
On peut aussi établir un lien entre la
légende arthurienne de Geoffrey et ce qui a pu réellement se
produire au 6ème siècle. On considère en général que Geoffrey a
introduit le personnage de Uther Pendragon, qui aurait été le père
d'Arthur. Sachant que Uther se traduit par "terrible" (ou
horrible ou merveilleux) et que "pen" signifie "tête",
il y a une bonne raison de penser qu'Uther Pendragon signifiait,
"Tête terrible de dragons", avec 'dragons' au pluriel.
Les dragons peuvent très bien se
référer à des comètes et/ou des météorites – comme on l'a vu
au cours des âges sur diverses descriptions illustrées de comètes
ressemblant à des dragons. En outre, les archives chinoises notent
que quand des 'dragons' passaient, "on retrouvait tous les
arbres couchés". Leroy Ellenberger a donc suggéré que
vraisemblablement les récits de dragons du 6ème siècle étaient
associés à Arthur et que Beowulf (poème de la tradition orale
anglo-saxonne, NdT) s'inspirait de la détonation de débris de
comètes dans la haute atmosphère.
Comme ces comètes et météorites sont
des objets brillants du ciel, les peuples anciens auraient-ils pu les
relier à un autre objet stationnaire du ciel : le soleil ?
Le soleil était peut-être considéré comme la terrible tête (ou
le chef) des comètes qui tourmentaient la terre. Si c'est le cas et
si Arthur était vraiment le fils d'Uther, serait-il en fait une
comète ? Chose surprenante, des arguments plaident en faveur de
cette idée.
Le Pr Baillie, qui rédigea ou fut le
co-auteur des livres L’Exode d'Arthur et Les dieux celtes –
Comètes de la mythologie irlandaise, relie Arthur et Merlin
aux récits de dieux celtes. Baillie conclut que sous-jacent à tous
ces personnages existe un symbolisme de comète. Par exemple, il note
qu'un auteur du 15ème siècle a décrit l'épée d'Arthur,
Excalibur, comme "si brillante dans les yeux de ses ennemis
qu'elle donnait la lumière de 30 torches". Cette lame
"brillante" d'Excalibur pouvait potentiellement représenter
la queue de la comète.
De plus, on disait qu'Arthur dirigeait
la Chasse Sauvage dans le ciel. Cela consistait en une meute de
chiens de chasse blancs, avec parfois des oreilles rouges, qui
parcouraient les cieux pendant les nuits d'orage. Arthur est
également représenté dans le folklore comme un vent tempétueux
impossible à stopper. Tout cela pourrait être envisagé comme
symbolisant aussi des comètes et des débris cométaires qui tombent
sur terre, et les liens avec Arthur sont renforcés par la dernière
apparition dans la légende arthurienne d'un "lieu de
désolation" – le genre de lieu qui pourrait avoir été causé
à la suite d'une rencontre rapprochée avec un "vecteur
cosmique".
Pour finir, les Annales galloises
exposaient que pendant la bataille de Camlann à la fin des années
530, "Arthur et Mordred tombèrent et il y eut de la mortalité
en Bretagne et en Irlande". Si Arthur et Mordred étaient des
comètes se désintégrant plutôt que des combattants humains, cela
pourrait-il expliquer le manque de références à Camlann dans la
liste des batailles terrestres établie par Nennius ?
L'un des défauts de cette théorie où
'Arthur égale comète' est que Arthur, fut considéré, dans une
légende plus tardive, comme une image de héros. De plus, bien
qu'Arthur et Mordred soient "tombés" à Camlann, c'est
Mordred qui est décrit comme le méchant notoire. En effet, les
Triades galloises disent que dans l'un des trois 'ravages effrénés
de Bretagne', un personnage appelé Medrawd (Mordred) est arrivé à
la cour d'Arthur, qu'il y a consommé toute la nourriture et la
boisson et qu'il a tiré Guenièvre de son trône et l'a frappée.
Une interprétation large d'esprit de
cet événement pourrait être qu'Arthur était la terre, Mordred la
comète en route et Guenièvre (l'épouse d'Arthur) la lune, qui fut
touchée par les débris de la comète et dont l'orbite varia
brièvement. Il existe cependant une dernière théorie :
qu'Arthur serait le soleil, la cour d'Arthur notre système solaire.
C'est encouragé par le fait qu'il y avait un dieu solaire chez les
anciens celtes qui se nommait Artaois, et qu'Arthur était décrit
dans les antiques contes gallois comme possédant de flamboyants
cheveux roux mais qu'il était rasé de près avec les cheveux coupés
court. Étant donné que les comètes étaient considérées comme
des 'étoiles chevelues' en raison de leurs queues traînant derrière
elles, le soleil serait logiquement celui 'rasé de près'.
Quelle que soit la solution, il y a une
preuve solide que les éruptions volcaniques qui ont contribué à la
catastrophe climatique du milieu du 6ème siècle doivent être vues
à la lumière d'un phénomène cométaire qui a pu en être la cause
première. Et étant donné qu'Arthur serait mort à l'époque même
de la survenue de cet événement, il y a une bonne raison pour
tenter d'interpréter la légende arthurienne comme une version
'mythologisée' d'événements qui se sont passés dans le ciel.
Source
Traduction par le BBB.