La mammographie
AUGMENTE l’incidence du cancer
« Si le dépistage était un
médicament, il aurait été retiré ». Quel est donc le dangereux
gourou qui tient de tels propos ? Quel est l’abominable chef de
secte qui se permet de critiquer un axe majeur de médecine classique
? Quel « dérapeute » illuminé risque ainsi de priver des patients
d’un traitement médical approprié grâce au diagnostic précoce ?
Désolé pour les services policiers qui analysent les articles de
Néosanté à la loupe, mais cette phrase n’est pas de nous : elle
a été prononcée par Peter Götzsche, biochimiste et docteur en
médecine, professeur de méthodologie de la recherche clinique à
l’Université de Copenhague, cofondateur de la collaboration
Cochrane, directeur du Centre nordique Cochrane
et auteur de plus de 50 publications dans les plus grandes revues
médicales. Son nom ne vous dit rien ? Normal : cela fait 12 ans que
ce chercheur danois remet en cause le dépistage du cancer du sein et
cela fait 12 ans que la presse francophone ignore superbement ses
travaux.
Une exception notable cependant : le
magazine suisse Femina l’a interviewé le 26 février dernier à
l’occasion de la sortie de son ouvrage « Mammography screening :
truth, lies and controversy » ( Radclife Publishing, 2012).
Puisqu’on pourrait m’accuser de
déformer ses déclarations, je me permets d’en reprendre un
paragraphe entier :
« Il ressort des deux grands essais
inclus dans notre évaluation Cochrane que l’auto-examen régulier
des seins n’a pas démontré d’efficacité sur la mortalité par
cancer du sein, voire qu’il est dommageable, car il entraîne une
augmentation du nombre de biopsies. Même l’American Cancer
Society, pourtant très favorable au dépistage, ne le recommande
plus. En ce qui concerne le dépistage par mammographie, des études
rigoureuses et récentes montrent qu’il ne réduit pas l’inci-
dence des cancers avancés et n’a pas
d’effet sur la mortalité par cancer du sein. En revanche, le
dépistage transforme des femmes en bonne santé en patientes
cancéreuses, et entraîne une augmentation du nombre de masectomies,
parce qu’il détecte des tumeurs qui n’auraient pas mis la
santé de ces femmes en danger, voire
n’auraient jamais été détectées si ces femmes n’avaient pas
participé au dépistage. Dans les pays dotés de programmes, le taux
de surdiagnostic est d’environ 50%. En évitant le dépistage, les
femmes de la tranche d’âge concernée peuvent réduire d’un
tiers leur risque de se faire diagnostiquer un cancer du sein. Le
meilleur moyen de réduire l’incidence du cancer du sein, c’est
donc de stopper le dépistage ». Vous en voulez encore ? Voici un
deuxième passage ébouriffant : « Les femmes ne devraient plus
accepter la désinformation à laquelle on les expose. Le mépris du
principe du consentement éclairé, le déni collectif, la
manipulation des données concernant le surdiagnostic et le faible
bénéfice du dépistage, tout cela représente peut-être le plus
grand scandale éthique qu’ait jamais connu la santé. Des
centaines de millions de femmes ont été séduites par l’idée du
dépistage sans savoir qu’il pouvait leur porter préjudice. Il est
temps que cela cesse. »
Tu parles, Charles. Entre deux
campagnes pour le dépistage du cancer du côlon, celui de la
prostate ou celui du col de l’utérus, les autorités de santé
continuent invariablement à inciter le public féminin à « aller
montrer ses seins à son médecin » et à se plier au mammotest.
Un
piège à c...
Contre cette propagande criminelle, un
seule solution : prendre la peine d’aller chercher la bonne
information. Peu accessible au commun des lecteurs, le livre de Peter
Götzsche n’a pas (encore) été traduit en français. En revanche,
la « journaliste citoyenne » Rachel Campergue (1) avait déjà
vulgarisé ses travaux dans son livre-enquête « No Mammo ? » (Voir
« Les ravages du dépistage », Néosanté N° 10). Interviewé
trois mois plus tard (Néosanté N° 13), le chercheur français
Bernard
Junod s’en inspire aussi pour
contester le dépistage organisé. Sur leurs blogue et site
respectifs, le Dr Jean Claude Grange (2) et le Dr Marc Girard (3)
mettent également les recherches du scientifique danois à la portée
des internautes. Dans son dernier livre (4), celui-ci consacre tout
un chapitre à la mammographie, dont il démonte les arguments
favorables et démontre qu’ils sont faux. Paraphrasant Peter
Götzsche, Marc Girard écrit carrément que le dépistage des
tumeurs mam-
maires est en réalité « un piège à
c…. ». Si vous ne l’êtes pas, gardez votre poitrine à l’abri
de la médecine !
yves Rasir
(1) www.expertisecitoyenne.com
(2) http://docteurdu16.blogspot.fr/
(3) www.rolandsimion.org
(4) « La brutalisation du corps
féminin dans la médecine moderne »
Source : Néosanté n° 22 avril
2013