Cet article est adapté du livre de Joanna Ebenstein, La Vénus Anatomique.
Le bref et mystique règne du
cadavre de cire
Les premiers modèles médicaux d'anatomie humaine dissimulaient l'évocation de la mort derrière la beauté féminine.
Par Joanna Ebenstein
Traduit par Hélios
Vers la fin du 18ème siècle, dans un atelier de travail de la cire de Florence, naquit une déesse en cire colorée, grandeur nature, anatomiquement correcte et dissécable. L'artiste, Clemente Susini, sut capter la beauté féminine idéalisée qui faisait depuis longtemps la renommée des artistes italiens, en lui donnant une nouvelle et ambitieuse direction et une apparence hyper-réaliste. Le résultat – la Vénus Anatomique – est un objet parfait dont l'existence délicieusement bizarre défie les croyances. Il – ou plutôt – elle – fut conçue comme un moyen d'enseigner l'anatomie humaine sans la nécessité de constantes dissections qui s'avéraient compliquées (et salissantes), discutables sur le plan éthique et tributaires de rares cadavres. La Vénus Anatomique communiquait aussi tacitement un lien entre le corps humain et un cosmos divinement créé, entre l'art et la science et entre la nature et l'humanité, ainsi qu'on concevait alors les choses.