MISE À JOUR : par l'IRSN : http://bit.ly/YlSVp2
Il n'est pas dit combien il coûterait en vies humaines...
Le scénario noir du nucléaire
EXCLUSIF - Un rapport confidentiel de
l'IRSN estime que le cas extrême d'un accident majeur en France
coûterait jusqu'à 5.800 milliards d'euros. Bien loin des estimations
publiées en février.
La peur du nucléaire flotte encore dans toutes les têtes. Deux ans après l'accident de Fukushima, 42% des Français se disent inquiets des 19 centrales nucléaires dans l'Hexagone, selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche.
Samedi après-midi, plusieurs milliers de manifestants antinucléaires
(20.000 selon les organisateurs, 4.000 selon la police) ont formé une
vaste chaîne humaine dans les rues de Paris. Cet anniversaire survient
en plein débat sur la transition énergétique qui doit déterminer les
moyens de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production
d'électricité.
Le JDD dévoile des
estimations inédites sur les conséquences d'un accident majeur. En 2007,
l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait
évalué une série de scénarios catastrophe sur la centrale de Dampierre,
dans le Loiret. Dans ce rapport que nous nous sommes procuré, le coût du
"cas de base" atteint 760 milliards d'euros. Celui d'une situation
extrême s'envole au niveau pharaonique de 5.800 milliards, l'équivalent
de trois années de PIB. Ces chiffres vertigineux sont d'autant plus
surprenants qu'il y a trois semaines, le même IRSN avait publié une
étude dans laquelle les dégâts d'un accident majeur étaient chiffrés à…
430 milliards d'euros. "Il n'y a eu aucun lissage politique, aucune
pression", se justifie le directeur général de l'institut Jacques
Repussard, qui reconnaît qu'"il est difficile de publier de tels
chiffres". À l'origine, ces calculs ont été réalisés pour contredire
ceux d'EDF, qui "sous-estimait très sérieusement le coût des incidents",
ajoute-t-il.
Pourquoi de telles différences?
Patrick Momal, économiste à l'IRSN, est l'auteur des deux rapports.
Embarrassé, il explique que le chiffre de 430 milliards correspond à un
"cas médian" de rejets radioactifs comme ce fut le cas à Fukushima.
L'estimation de 2007 correspondait davantage au modèle de Tchernobyl, où
les rejets avaient été plus nombreux. D'ailleurs, "en actualisant les
calculs, le cas de référence de 760 milliards augmente à 1.000
milliards", explique-t-il, en raison de l'impact sur les exportations et
le tourisme. "Mille milliards, c'est ce que Fukushima coûtera au bout
du compte", estime pour sa part Jacques Repussard. Le rapport de 2007
est en cours de réévaluation et sera rendu public dans le courant de
l'année. "Les conclusions très fortes de l'époque sont restées les
mêmes, voire renforcées", juge Patrick Momal.
Quatre-vingt-dix millions de personnes touchées
La
facture de 5.800 milliards illustre les conséquences colossales d'un
accident très improbable mais pas impossible. "Il y a un coût social
astronomique dû au grand nombre de victimes", explique le rapport. Dans
ce cas extrême, 5 millions de personnes doivent être évacuées sur une
zone de 87.000 km², équivalant à la superficie des régions Aquitaine et
Midi-Pyrénées réunies. L'évacuation, le relogement, la décontamination
des sols mais aussi le traitement des déchets coûteraient 475 milliards
d'euros.
Le plus lourd tribut découle de l'impact
économique sur la zone contaminée au césium 137, où habitent 90 millions
de personnes. Une région de 850.000 km², qui correspond à la superficie
de la France et de l'Allemagne. L'indemnisation des agriculteurs, des
salariés, des entreprises, mais aussi les coûts environnementaux et les
dépenses de santé explosent à 4.400 milliards d'euros. Son auteur nuance
: "C'est un coût social, mais les victimes ne seront pas nécessairement
indemnisées."
L'aléa météo
C'est
LA grande inconnue, et pourtant la clé de voûte de ce rapport choc pour
qui "l'ampleur de la contamination et donc la variation de son coût
dépendent avant tout des conditions météorologiques". Seule une météo
très défavorable, avec des vents dirigés vers des zones habitées,
créerait le pire des scénarios. La zone d'évacuation "moyenne" est alors
multipliée par 3,5 et la zone contaminée par 17… pour atteindre le
montant exorbitant de 5.800 milliards. À titre de comparaison, Fukushima
a bénéficié de vents favorables qui ont repoussé 80% des rejets
radioactifs vers l'océan. En revanche, ils avaient aggravé la situation à
Tchernobyl, poussant à des évacuations jusqu'en Russie et Biélorussie.
Plus surprenant, l'étude de 2007 retient une météo unique pour toute la
France. Les calculs en cours travaillent à partir d'une météo plus
réaliste qui pourra "abaisser le coût mais aussi peut-être l'augmenter",
estime Patrick Momal.
Le choix étonnant de la centrale de Dampierre
Le
rapport justifie le choix de la centrale de Dampierre car elle n'a
"rien d'atypique". Pourtant, selon un document d'EDF, le site dispose
d'une zone sans vent au nord permettant d'épargner Paris… De plus, la
densité de population située aux alentours est l'une des plus faibles
des 19 sites français. Ces deux facteurs ont tendance à sous-évaluer les
estimations. Enfin, le rapport reconnaît "ne prendre en compte que les
zones rurales. Si une zone urbaine était frappée, le nombre des victimes
serait beaucoup plus grand". Et l'auteur admet qu'"il y a, dans ce
scénario, une faible probabilité que les rejets se dirigent vers Paris".
Merci de votre proposition que je décline malgré tout.
RépondreSupprimerCordialement.