Le sommeil, un
besoin vital. Ce que les scientifiques ne disent pas, c'est qu'il est
vital parce que nous avons besoin de rêver, que ''l'âme'' s'évade
pendant la nuit pour aller se recharger. Ils ne le disent pas parce
qu'ils ne considèrent l'être humain que comme une machine
biologique.
Debout toute la nuit : la science de l'insomnie
Par Elizabeth Kolbert
Mars 2013
Nathaniel Kleitman, connu comme le
''père de la recherche moderne sur le sommeil'', est né en 1895 en
Bessarabie – aujourd'hui la Moldavie – et a passé sa vie à
courir. D'abord, les pogroms l'ont conduit en Palestine ; puis
la première guerre mondiale l'a chassé vers les USA. À l'âge de
20 ans, il atterrit à New York sans un sou ; à 28 ans, il a
fait son chemin au City College et a acquis un doctorat à
l'université de Chicago. Il devint peu de temps après membre de la
faculté. Un des premiers sponsors des recherches de Kleitman sur le
sommeil a été la Wander Company, fabricant de l'Ovomaltine qui
espérait la promouvoir comme remède à l'insomnie.
Jusqu'à l'arrivée de Kleitman, le
sommeil était, comme l'a décrit un commentateur, ''un immense trou
noir dans les sciences de la physiologie''. Personne n'a pris le
temps de l'étudier parce qu'on le définissait par ce qu'il n'était
pas – le sommeil étant l'état où l'on n'est pas éveillé et en
même temps où l'on n'est pas dans le coma ou mort. (ce qui a attiré
exactement Kleitman vers ce sujet académique marginal n'est pas
clair, mais il a été suggéré que cela s'accordait avec son milieu
marginalisé)
Dans l'une des premières expériences
de Kleitman, il a gardé éveillés une demi-douzaine d'hommes
pendant plusieurs jours d'affilée, puis les a soumis à une batterie
de tests physiques et psychologiques. Il servait lui-même
fréquemment de sujet. Lors d'une participation à une expérience de
privation de sommeil, Kleitman resta éveillé plus longtemps que
quiconque – 115 heures de suite. À un moment, épuisé et
apparemment en état d'hallucination, il a déclaré, à propos de
rien en particulier, ''C'est parce qu'ils sont contre le système''.
(interrogé à ce sujet, il a dit qu'il avait l'impression qu'il
était en pleine dispute avec un observateur concernant les
syndicats''.) Dans une autre expérience où il servait de sujet,
Kleitman passa six semaines sous terre, dans une grotte du Kentucky
en essayant de vivre selon le rythme de journées de 24 heures. (où
il découvrit qu'il ne le pouvait pas)
Dans le courant des années 1900,
Kleitman fut sponsorisé en partie par Swift, une société
d'emballage de viande, qui était intéressé de savoir si un régime
d'alimentation pour bébés riche en protéines les aiderait à
dormir plus profondément. Ce fut à cette période que lui – ou,
en réalité – l'un de ses étudiants diplômés – fit une grande
découverte. À la recherche d'un sujet de thèse, un étudiant,
Eugène Aserinsky, décida de brancher des dormeurs sur la version
primitive d'une machine à électroencéphalogramme qui barbouillait
un demi-kilomètre de papier chaque nuit. Pendant cette opération,
Aserinsky remarqua que plusieurs fois par nuit les dormeurs
traversaient des périodes où leurs yeux papillonnaient rapidement
d'avant en arrière. Kleitman insista pour répéter une nouvelle
fois l'expérience, cette fois avec sa fille, Esther. En 1953, lui et
Aserinsky introduisirent dans le monde la notion de ''mouvement
rapide des yeux'' ou sommeil paradoxal (REM en
anglais). Un autre étudiant de Kleitman, William C. Dement,
aujourd'hui professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de
Stanford, a déclaré cela comme l'année où ''l'étude du sommeil
est devenue un vrai domaine scientifique''.
La découverte du sommeil paradoxal
mena à l'élaboration d'une complète taxonomie du sommeil.
Au stade 1 (sommeil léger), le cerveau émet ce qu'on appelle les
ondes theta, qui sont plus lentes et plus régulières que les ondes
émises par un cerveau en état d'éveil ; au stade 3 (sommeil
profond), il émet des ondes delta, qui sont encore plus lentes et
possèdent une plus grande amplitude. (une personne peut être
réveillé au stade 1 par un léger bruit ; au stade 3, il
pourrait dormir avec un bruit d'explosion). Les primates, les
mammifères marins, les oiseaux, même les poissons ont leurs propres
schémas de sommeil. Des lémuriens de Madagascar sommeillent pendant
plus de quinze heures par jour, mais avec seulement une heure de
sommeil paradoxal. Les dauphins à gros nez dorment avec la moitié
de leurs cerveaux ; ce qui les empêche de se noyer. Les grives
rattrapent leur temps de sommeil en faisant des ''siestes'' de moins
de 30 secondes chacune.
Les nouvelles technologies ont rendu
l'étude du sommeil moins coûteuses, plus faciles et moins
intrusives. En 2003, un expert dans ce domaine a annoncé ''l'aube
d'un âge d'or dans la recherche sur le sommeil''. Depuis des
centaines, voire des milliers d'articles scientifiques, ont été
écrits sur le sujet allant ''des problèmes de sommeil des enfants
chinois d'âge scolaire'' au ''comportement du sommeil chez les
rhinocéros noirs sauvages''.
Actuellement, aux seuls USA, plus de
deux mille études cliniques sur le sommeil sont pratiquées. Toutes,
elles soulèvent une question : si c'est l'âge d'or pour des
recherches sur le sommeil, pourquoi alors sommes-nous si fatigués ?
De toutes les possibilités de
problèmes au lit, ce sont les troubles du sommeil qui sont
probablement les plus répandus. Selon un sondage de 2011, plus de la
moitié des américains entre 13 et 64 ans ont un problème de
sommeil presque toutes les nuits, et les deux tiers se plaignent
qu'ils ne récupèrent pas suffisamment pendant la semaine *.
L’Académie Nationale des Sciences estime que 50 à 70 millions
d'américains souffrent d'un ''trouble chronique de sommeil et de
réveil''. Dangereux et ennuyeux. Une étude récente du Centre de
Contrôle et de Prévention des Maladies a révélé que presque 5 %
des adultes reconnaissent avoir eu une perte de vigilance au volant
au moins une fois le mois précédent. Le département américain des
transports a déterminé que ce qu'on pourrait nommer une ''conduite
en état de somnolence'' cause 40.000 blessures par an aux USA et
plus de 1500 décès.
Notre lassitude collective fait l'objet
de plusieurs nouveaux livres, certains écrits par des professionnels
qui étudient le sommeil, d'autres par des amateurs qui sont en état
de manque. Celui de David K. Randall, ''Le pays des rêves :
aventures dans l'étrange science du sommeil'' appartient à
cette dernière catégorie. C'est un bon livre à lire pendant un
moment d'insomnie.
Randall commence avec le récit de ses
nuits d'insomnie, agrémentées de rire, chansons, grognements,
bonds, coups de pied et au moins lors d'une occasion de somnambulisme
dans le couloir. Il envisage une liste d'explications possibles pour
cet épuisement national – trop de lumière, trop de chaleur, trop
d'embonpoint – et les trouve toutes irréfutables. Les ampoules
électriques ont rendu l'obscurité optionnelle, éliminant le
farniente obligatoire qui commence au coucher du soleil. Les matelas
modernes et la literie emprisonnent la chaleur que le corps doit
libérer en abaissant sa température la nuit. L'obésité augmente
les chances de développer une apnée du sommeil qui combine une
suffocation et un réveil dans un cycle exténuant, avec parfois un
risque pour la vie. Pour toutes ces raisons et d'autres, Randall
anticipe un avenir radieux pour le domaine émergent de la ''gestion
de la fatigue''. Un expert du sommeil qu'il interviewe prédit que
''des agents de gestion de la fatigue'' seront bientôt aussi communs
dans les grandes sociétés que les comptables. Comme le temps, le
sommeil, s'avère aussi de l'argent.
L'affirmation peut-être la plus
provocante de Randall à propos du sommeil est qu'il serait bien
meilleur de dormir seul. Des études montrent régulièrement,
écrit-il, que les adultes ''dorment mieux quand ils ont font lit à
part''. Une étude de ce genre a fait un suivi de couples sur une
période de plusieurs nuits. Ils ont passé la moitié des nuitées
dans un lit commun et l'autre moitié dans des chambres séparées.
Au réveil ils ont tendance à dire qu'ils ont mieux dormi quand ils
étaient ensemble. En fait, ils ont passé en moyenne 30 minutes de
plus par nuit de stades de sommeil profond en dormant séparément.
Randall cite un travail de Neil Stanley, un chercheur sur le sommeil
à l'université du Surrey en Angleterre, qui aime dire qu'il
n'existe qu'une seule bonne raison de partager un matelas.
''Les masses endormies'', par Matthew
J. Wolf-Meyer, présente une vision plus polémique de ce qu'on
pourrait appeler la ''question du sommeil''. Wolf-Meyer, professeur
assistant d'anthropologie à l'université de Californie, a passé
quatre ans à interviewer toutes sortes de gens impliqués dans la
recherche sur le sommeil : des médecins, techniciens, patients,
membres de la famille de patients. Il conclut que ce que pensent les
américains des problèmes de sommeil ne sont la plupart du temps que
des problèmes sur la façon de penser des américains concernant le
sommeil. ''Le sommeil normal est toujours un sommeil pathologique, ou
c'est du moins très probablement le cas'', écrit-il.
Wolf-Meyer se réfère à l'habitude
d'aller au lit aux environs de 23 h et d'y rester jusqu'aux environs
de 7 h du matin en dormant sans interruption. On s'attend de nos
jours à ce que les adultes dorment de cette manière ; toute
autre pratique – dormir pendant la journée, dormir par petits
bouts, se réveiller au milieu de la nuit – semble considéré
comme malsain et même déviant. Cela n'a pas toujours été le cas.
Jusqu'à il y a un siècle environ, Wolf-Meyer observe, ''les
américains, comme les autres gens sur terre, avaient l'habitude de
ne pas dormir d'une traite, c'est à dire en deux temps ou plus sur
une journée de 24 heures''. Ils allaient se coucher peu de temps
après le coucher du soleil. Quatre ou cinq heures plus tard, ils se
réveillaient de leur ''premier sommeil'' et s'activaient –
priaient, bavardaient, fumaient ou faisaient l'amour. Ils
retournaient au lit ensuite pour leur ''deuxième sommeil''. (Lire
aussi un article à ce sujet sur le BBB)
Pas de problème d'insomnie pour ce chaton ! |
Traduit par Hélios pour le BBB.
* Pour la France :
Selon une enquête de l'Institut national du sommeil et de la vigilance
(INSV), réalisée avec le cabinet d'étude BVA Healthcare et publiée en
Mars 2009 :
- Un tiers de la population souffre de troubles du sommeil, dont 84% d'insomnie.
- 36% des Français dorment moins de 7 heures par nuit.
À suivre.
« Le sommeil, un besoin vital.
RépondreSupprimerCe que les scientifiques ne disent pas, c'est qu'il est vital parce que nous avons besoin de rêver, que ''l'âme'' s'évade pendant la nuit pour aller se recharger. Ils ne le disent pas parce qu'ils ne considèrent l'être humain que comme une machine biologique. »
Il fallait vraiment le dire, chère Hélios, pour introduire cet article qui, par ailleurs, ne nous apprend rien de bien nouveau du point de vue de la science officielle actuelle.
Mais tout le monde ne peut pas admette qu’il y ait une âme qui, plus est, puisse s’échapper pour se recharger « ailleurs ». Cet ailleurs, quel qu’il soit, quel que soit son nom, suppose qu’on ait confiance en lui. Cette « foi » profonde est certainement la première condition pour accueillir le sommeil.
Par manque de cette confiance profonde, un tas d’idées fausses ont pu envahir nos têtes. Rien que cela peut déjà sérieusement perturber notre relation avec le sommeil. Ces idées fausses exercent une sorte de tyrannie sur notre mental, et cela s’oppose au lâcher-prise indispensable.
Il faut aussi s’autoriser à exercer son bon sens. Mais le cliché du « lit commun » a la vie dure et pourrit la vie entière d’innombrables couples qui cherchent désespérément à prouver leur normalité en s’empêchant mutuellement de bien dormir. Cela n’a plus rien à voir avec « l’amour ». Ne peut-on pas, dans ce domaine aussi, admettre sereinement que les conditions de vie et nos besoins ne sont plus du tout ceux de nos ancêtres ?
Je craque complètement devant cette photo de chaton endormi. En la regardant, on s'attend à voir son minuscule poitrail se soulever et s'abaisser, participant à la vie de tout ce qui respire, et on croit entendre le doux bruit de son souffle. Bien que couché sur notre divan, ce petit chat est ailleurs, tout abandon, confiance absolue.
RépondreSupprimerBienheureux état, entièrement plongé dans un ciel où des anges veillent sur les chats...
bonsoir,
RépondreSupprimerpour vivre aussi des problemes de sommeil et de stress assez severe qui sont apparus ou tout au moin devenu patho depuis la monter en puissance des antennes relais,wifi ,meteo,radar etc etc
le pic a commencer vers 2003 donc "antennes relais et wifi principalement(j oublie aussi les ampoules "imposees bassepuissance qui envoie des micro ondes aussi tres fortement
(pour diminuer la puissance consommee on augmente la frequence et on aurais du blinder le culot de ces ampoule qui emettent aussi a travers les murs assez loin)...................
donc
je trouve qu il serais interressant d aller voir aussi au niveau de ces pistes là
le cerveau ainsi que chaque cellule et plus globalement disont le corps entier
fonctionne avec des micros courants electrique tres tres faible,et avoir sursaturé " l'ambiant actuel
avec ces champs electriques qui sont des milliers de fois plus elevé que nos champs naturels est de mon avis
et des scientifiques le confirment (peu publieé en france malheureusement),,tres tres loin d etre anodin sur le vivant en general ,,ainsi aussi donc sur le sommeil,meme je crois que si on avais des donnees epidemiologique sur le sommeil avant l apparition et la generalisation de l electricite "domestique '" on devrais aussi trouver quelque
chose (champ electromagnetique pulsé en 50 hertz(pas naturel) et donc induction ,,,,tout autour dans le vivant ,interferant nos champs naturels beaucoup beaucoup plus faible (je repete),,,,donc voila
peu etre aussi et sans doute une piste de ce coté là;;
pour l anectode un chercheur en (sais plus ) qui se nommait georges lakhovski
avais trouvé une correspondance entre l apparition des cancers en fonction de la zone ou on habitait et
des differences suivant les zones en fonction de la difference de potentiel electrique entre "nous"
et la "terre " ou on habitait
trouvé aussi que chaque cellule fonctionnais commme un circuit oscillant (bobine)
(de l importance aussi si je me rappelle de boire l eau de ou on habite,,pour avoir une equivalence electrostatique aussi(si jdit po'd betise) (le champ est perturber si on vit dans un endroit avec tel potentiel elec et si on boit de l eau venant d une autre zone ( si je me souvient bien et dit po de betise )
il s avait eus des resultat verifié et reproduit sur des cancer induit dans des pelargoniums (geraniums)
avec des bobines electriques (quelque tour de fil ,oavec ouverture au nord magnetique)
et donc induisant un champ dont le nommbre de spire venait retablire ou reguler
le champ des cellule (qui sont aussi des mini bobine elec)
et donc soignait les tumeurs
avec des courants induit tres tres faible (spire simplement remise a la terre ,sans elec rajoute
il retablissait le "circuit oscillant " des cellules
il avait aussi fabriqué des appareillages plus important et complexe sur le meme principe
,,et as eus (hum) une fin assez triste (ecrasé par une voiture)(la plupart de ces travaux ont "disparus"
enfin ,un truc assez bizarre louche,,reste qelques ecrit , et des livres(le secret de la vie et l etude des champs elechamps oscillant )un truc comme ca je crois (j ai le livre mais sait plus ou),,en fin ce gars est connus auusi sur la toile,,,
et pour resumer se que je voulais dire ,c est quil avait determiné (d autres aussi d ailleurs )
que des micro courants tres tres faible avait une interaction tres tres importantes avec le vivant
et donc aussi et sans doute sur la qualite du sommeil ,
sujet de depart de ce post,,
et donc nos champs actuels induits electriquement sont "ubuesque"" et suis pas le seul a le dire :sont
"totalement irresponsable)
il y a plein d etude la dessus ci on si interessent
(((heuuu,,desolé,,c est un ti peu long,,oups)))logorrhee,,,heuuuu()
merci helios pour votre article (et le blog bien sur)j attends la suite avec un "smile"
bien a vous encore une fois
au revoir
tieri.
La suite demain, tieri, merci de ton commentaire. Nous sommes envahis d'ondes malsaines.
Supprimerhttp://lefirago.overblog.com/doc-du-soir-le-manque-de-sommeil-nuit
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