Jeu de miroirs
Un article du site e-ostadelahi.
Pour compléter et affiner mon
autoportrait, j’avais décidé d’utiliser les autres comme
miroir, autrement dit, observer le comportement des autres à mon
égard et essayer d’en tirer des informations sur ce que je suis et
des directions pour mon travail de perfectionnement spirituel. Ayant
pris cette résolution, le matin, je me suis préparée pour aller au
travail. J’ai sorti ma voiture du garage mais au moment de prendre
la route, j’ai réalisé que j’avais oublié mon téléphone.
J’ai laissé ma voiture en épi face au portail et j’ai foncé
chercher mon téléphone. Quand je suis retournée à la voiture
moins de deux minutes plus tard, j’ai aperçu la vieille dame
grincheuse du quartier donner un grand coup de canne dans la jante de
la roue avant. « C’est systématique, me suis-je dit, à
chaque fois que je laisse la voiture deux minutes devant le portail,
elle arrive comme par hasard et balance un coup de canne dedans ! »
Cette fois-ci, mon sang n’a fait qu’un tour et je lui ai dit
plutôt vertement ce que j’en pensais : « je ne reste
jamais plus de deux minutes, il ne faut pas exagérer, c’est devant
chez moi, etc. »
Énervée, j’ai démarré et allumé la radio
histoire de me calmer un peu. À ce moment-là, j’ai entendu
l’animateur dire « Et vous, qu’avez-vous pris comme bonne
résolution aujourd’hui ? ». Et là, je me suis figée…
J’avais totalement oublié le jeu du miroir. J’ai alors essayé
de voir ce que la scène qui venait de se dérouler pouvait
m’apprendre sur moi, mais j’avais beaucoup de mal, j’étais
encore passablement énervée : « quand même, cette bonne
femme exagère, elle fait des histoires pour rien, je n’ai laissé
ma voiture qu’une minute sur le trottoir, elle peut bien la
contourner quand même, ça lui prend trois secondes et elle n’a
que ça à faire. Non, il n’y a aucun élément de connaissance de
soi à tirer de cette histoire ». En dépit de cette belle
conclusion, je n’étais pas tranquille. Je revoyais la mamie qui,
même avec l’aide de sa canne, a du mal à marcher. Je revoyais la
rue étroite où certaines voitures déboulent à toute vitesse. Je
revoyais ma voiture qui a obligé la vieille dame à descendre sur la
chaussée pour la contourner… C’est à ce moment que suis arrivée
au travail et que le fil de mes pensées a été interrompu.
À peine étais-je dans le hall que la standardiste m’a
remercié chaleureusement d’avoir bien voulu la remplacer dix
minutes hier pour qu’elle aille à la banque. « Tu es
vraiment serviable, c’est rare. » J’avais déjà oublié ce
service rendu. C’est vrai que tout le monde me dit que je suis
serviable. Me souvenant de ma décision du matin, j’ai décidé de
rajouter la serviabilité à la liste de mes qualités. Dans
l’ascenseur, j’ai réfléchi quand même un peu pour examiner le
degré de sincérité de ma serviabilité. Dans le cas de la
standardiste, j’ai accepté spontanément de rendre service, sans
me demander où était mon intérêt à moi. Ensuite, j’ai oublié
le service rendu et je n’ai pas attendu qu’elle me remercie. Je
me suis donc dit que je pouvais tranquillement rajouter ma
serviabilité à la liste, tout en me disant que je devrai analyser
d’autres situations du même genre afin de voir si j’agis
toujours de manière aussi désintéressée, quelle que soit la
situation.
Arrivée à mon bureau, j’ai été happée par les
tâches de la journée et m’y suis consacrée totalement. Le soir,
quand j’ai repris la voiture, je me suis sentie trop fatiguée pour
revenir sur le comportement des autres et en tirer des indices pour
mieux me connaître moi-même. J’ai allumé la radio pour écouter
le flash info et là, j’ai entendu que beaucoup de piétons
renversés le sont sur la chaussée, juste au bord du trottoir. Et
soudain, bang, j’ai revu la vielle dame, toute petite et voûtée,
avançant à pas de fourmi avec sa canne ; je me suis imaginée à sa
place, faible, fragile, lente à réagir, obligée de descendre sur
la chaussée sans savoir si un chauffard ne va pas soudain débouler
au coin de la rue, tout cela parce que son irresponsable de jeune
voisine a la flemme de faire un créneau, acte de civisme élémentaire
dans cette rue où beaucoup de mamans sortent avec un bébé dans une
poussette. J’étais morfondue. Sans compter l’angoisse à l’idée
des conséquences de ce qui aurait pu arriver. Et j’ai découvert
un nouveau défaut en moi : l’égocentrisme. Ou, soyons
positifs, une nouvelle qualité à cultiver : me mettre à la
place des autres.
Ma conclusion de cette journée est que l’attitude
des autres à mon égard peut être un outil très précieux dans la
connaissance de soi, un révélateur de comportements que j’adopte
sans en avoir toujours conscience ou en me trouvant toutes les
justifications du monde. Non pas que les autres aient
systématiquement raison, mais dans tous les cas, cela ne me coûte
rien de me retourner vers moi-même pour voir quel a été mon
comportement, quelles ont été mes pensées et mon intention. Au
contraire, il me semble que c’est là une des clefs de la
connaissance de soi.
L’un des pièges est de refuser d’utiliser les
autres comme miroir, dès lors qu’ils sont antipathiques ou qu’ils
ont des torts. Comme je trouvais la vieille dame antipathique et
agressive (les coups de canne sur ma voiture !), je ne voyais
aucune raison de me remettre en question, alors que mon comportement
à moi était potentiellement bien plus préjudiciable que le sien.
Par ailleurs, je me suis rendue compte que lorsque
je suis attentive, beaucoup de choses peuvent se révéler des
indices et des coups de pouce, comme des paroles entendues au hasard
à la radio. En élargissant, j’ai l’impression qu’il n’y a
pas que le comportement ou les paroles des autres qui peuvent me
servir de révélateurs. Pratiquement chaque événement devrait
pouvoir tenir ce rôle. Par exemple, je me cogne la tête. Si je
m’arrête à cet instant pour me demander s’il n’y a pas là
pour moi une occasion de progression, il est possible que j’en
vienne à prendre conscience que j’étais en train de cultiver des
pensées négatives… Et l’analyse de ces pensées me permettra
peut-être d’avancer dans la connaissance de moi-même.
Pour compléter et affiner mon autoportrait,
j’avais décidé d’utiliser les autres comme miroir, autrement dit,
observer le comportement des autres à mon égard et essayer d’en tirer
des informations sur ce que je suis et des directions pour mon travail
de perfectionnement spirituel.
Ayant pris cette résolution, le matin, je me suis préparée pour aller
au travail. J’ai sorti ma voiture du garage mais au moment de prendre la
route, j’ai réalisé que j’avais oublié mon téléphone. J’ai laissé ma
voiture en épi face au portail et j’ai foncé chercher mon téléphone.
Quand je suis retournée à la voiture moins de deux minutes plus tard,
j’ai aperçu la vieille dame grincheuse du quartier donner un grand coup
de canne dans la jante de la roue avant. « C’est systématique, me
suis-je dit, à chaque fois que je laisse la voiture deux minutes devant
le portail, elle arrive comme par hasard et balance un coup de canne
dedans ! » Cette fois-ci, mon sang n’a fait qu’un tour et je lui ai dit
plutôt vertement ce que j’en pensais : « je ne reste jamais plus de deux
minutes, il ne faut pas exagérer, c’est devant chez moi, etc. »
Énervée, j’ai démarré et allumé la radio
histoire de me calmer un peu. À ce moment-là, j’ai entendu l’animateur
dire « Et vous, qu’avez-vous pris comme bonne résolution
aujourd’hui ? ». Et là, je me suis figée… J’avais totalement oublié le
jeu du miroir. J’ai alors essayé de voir ce que la scène qui venait de
se dérouler pouvait m’apprendre sur moi, mais j’avais beaucoup de mal,
j’étais encore passablement énervée : « quand même, cette bonne femme
exagère, elle fait des histoires pour rien, je n’ai laissé ma voiture
qu’une minute sur le trottoir, elle peut bien la contourner quand même,
ça lui prend trois secondes et elle n’a que ça à faire. Non, il n’y a
aucun élément de connaissance de soi à tirer de cette histoire ». En
dépit de cette belle conclusion, je n’étais pas tranquille. Je revoyais
la mamie qui, même avec l’aide de sa canne, a du mal à marcher. Je
revoyais la rue étroite où certaines voitures déboulent à toute vitesse.
Je revoyais ma voiture qui a obligé la vieille dame à descendre sur la
chaussée pour la contourner… C’est à ce moment que suis arrivée au
travail et que le fil de mes pensées a été interrompu.
À peine étais-je dans le hall que la
standardiste m’a remercié chaleureusement d’avoir bien voulu la
remplacer dix minutes hier pour qu’elle aille à la banque. « Tu es
vraiment serviable, c’est rare. » J’avais déjà oublié ce service rendu.
C’est vrai que tout le monde me dit que je suis serviable. Me souvenant
de ma décision du matin, j’ai décidé de rajouter la serviabilité à la liste
de mes qualités. Dans l’ascenseur, j’ai réfléchi quand même un peu pour
examiner le degré de sincérité de ma serviabilité. Dans le cas de la
standardiste, j’ai accepté spontanément de rendre service, sans me
demander où était mon intérêt à moi. Ensuite, j’ai oublié le service
rendu et je n’ai pas attendu qu’elle me remercie. Je me suis donc dit
que je pouvais tranquillement rajouter ma serviabilité à la liste, tout
en me disant que je devrai analyser d’autres situations du même genre
afin de voir si j’agis toujours de manière aussi désintéressée, quelle
que soit la situation.
Arrivée à mon bureau, j’ai été happée
par les tâches de la journée et m’y suis consacrée totalement. Le soir,
quand j’ai repris la voiture, je me suis sentie trop fatiguée pour
revenir sur le comportement des autres et en tirer des indices pour
mieux me connaître moi-même. J’ai allumé la radio pour écouter le flash
info et là, j’ai entendu que beaucoup de piétons renversés le sont sur
la chaussée, juste au bord du trottoir. Et soudain, bang, j’ai revu la
vielle dame, toute petite et voûtée, avançant à pas de fourmi avec sa
canne ; je me suis imaginée à sa place, faible, fragile, lente à réagir,
obligée de descendre sur la chaussée sans savoir si un chauffard ne va
pas soudain débouler au coin de la rue, tout cela parce que son
irresponsable de jeune voisine a la flemme de faire un créneau, acte de
civisme élémentaire dans cette rue où beaucoup de mamans sortent avec un
bébé dans une poussette. J’étais morfondue. Sans compter l’angoisse à
l’idée des conséquences de ce qui aurait pu arriver. Et j’ai découvert
un nouveau défaut en moi : l’égocentrisme. Ou, soyons positifs, une
nouvelle qualité à cultiver : me mettre à la place des autres.
Ma conclusion de cette journée est que
l’attitude des autres à mon égard peut être un outil très précieux dans
la connaissance de soi, un révélateur de comportements que j’adopte sans
en avoir toujours conscience ou en me trouvant toutes les
justifications du monde. Non pas que les autres aient systématiquement
raison, mais dans tous les cas, cela ne me coûte rien de me retourner
vers moi-même pour voir quel a été mon comportement, quelles ont été mes
pensées et mon intention. Au contraire, il me semble que c’est là une
des clefs de la connaissance de soi.
L’un des pièges est de refuser
d’utiliser les autres comme miroir, dès lors qu’ils sont antipathiques
ou qu’ils ont des torts. Comme je trouvais la vieille dame antipathique
et agressive (les coups de canne sur ma voiture !), je ne voyais aucune
raison de me remettre en question, alors que mon comportement à moi
était potentiellement bien plus préjudiciable que le sien.
Par ailleurs, je me suis rendue compte
que lorsque je suis attentive, beaucoup de choses peuvent se révéler des
indices et des coups de pouce, comme des paroles entendues au hasard à
la radio. En élargissant, j’ai l’impression qu’il n’y a pas que le
comportement ou les paroles des autres qui peuvent me servir de
révélateurs. Pratiquement chaque évènement devrait pouvoir tenir ce
rôle. Par exemple, je me cogne la tête. Si je m’arrête à cet instant
pour me demander s’il n’y a pas là pour moi une occasion de progression,
il est possible que j’en vienne à prendre conscience que j’étais en
train de cultiver des pensées négatives… Et l’analyse de ces pensées me
permettra peut-être d’avancer dans la connaissance de moi-même.
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Quand je me cogne la tête , j'ai un réflexe systématique de m'adresser au ciel en disant un peu irrité : - "Qu'est-ce que j'ai encore fait !"
RépondreSupprimerSympa cette histoire qui porte à réfléchir...
RépondreSupprimerRéfléchir aussi que nous sommes envahis par de l’agressivité et qu'il est "marrant" "rigollot" ;-( de constater que si nous sommes cui - cui (serin) face à ces agressifs, ils le deviennent encore plus. Pas d'effet jeu "miroir" ...
Vrai que si nous sommes... "sympa", ceux là passent leur chemin plus facilement...
Et l'effet miroir de Léonard DE VINCI pour ses peintures, sans parler de son écriture spéculaire voilà une idée en miroir ! autre sujet !!!
Y°
RépondreSupprimerEn cas de choc, Ho-Pono Pono :
Pardon la tête, pardon le meuble, je vous aime merci; on respire un coup et rapidement focalisé sur autre chose, la douleur s'en dissipe et on guérit mieux. Surtout on reste de bonne humeur, le traumatisme physique est suffisant, pas besoin de rajouter un souvenir pénible d'autant plus durable que cristallisé dans l'acte de râler, le penser est déjà trop...
Et si ça ne suffit pas je suggère une ou deux scéances d'EFT ( réalisées en moins de 10 minutes). [ EFT: Emotionnal Freedom Technique, je vous laisse choisir la methode qui vous convient le mieux, la technique de base ayant évolué depuis sa "création"...
http://www.youtube.com/results?search_query=L%27EFT+pour+tous+++Genevi%C3%A8ve+Gagos+++Partie+13
(explorez la page)
Sinon la pratique de la double attention (Gurdjieff) évite souvent de se cogner, de tomber etc.
Avec un peu d'empathie, on comprend aussi plus facilement le pourquoi des choses ce qui assouplit notre tolérance.-Dans une certaine mesure...- ;-)
LOL ;-) et pour les vieilles articulations... Ho-Pono Pono et Gurdjieff , elles s'assouplissent aussi ? ;-)
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